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Antoine Voyage...
24 août 2008

6439 !

6439, c'est la hauteur du Mont Illimani.

Après avoir risque ma vie à vélo, j'ai décidé de grimper au dessus de cette montagne. Le Pérou compte aussi de nombreuses belles montagnes avec la Cordillères Blanche mais je n'avais pas pris ni eu le temps de m'y aventurer.
Arrivant en Bolivie, j'ai décidé de faire une excursion en montagne.
Le mont le plus abordable, près de La Paz est le Huayana Potossi à 6088 m. Mais il est assez facile à gravir et donc assez touristique. Je décide donc de tenter le mont Illimani à 6439 m. Excursion de quatre jours. Était-ce une bonne idée ?, c'est une question que je me suis posée... Je pars seul, accompagné d'un guide, n'ayant pas trouvé une autre personne pour m'accompagner. Bizarre...

Mardi matin..., départ de La Paz en taxi pour aller à Pinaya. Trois heures de route ou de piste plutôt. Le paysage est fantastique, nous passons par le canyon de Palca. Les roches sont acérées, tour à tour oranges ou grises, en passant par l'ocre et le brun. C'est encore l'occasion de voir un minibus qui a fait une chute de 100 m dimanche. Pas très rassuré surtout vu la conduite une peu sportive du chauffeur. Ça saute et seule une vieille Toyota est capable de passer sans trépasser. Nous doublons tous les 4x4 qui nous précédaient.
Nous arrivons à Pinaya vers midi, le temps de grignoter un peu et on entame la première partie.
Située à 3800 m, nous grimpons à 4400 m au "Base Camp". Belle balade, pas difficile à travers de beaux paysages, des lamas et de quelques fermes perdues. J'aperçois le sommet. Il est attirant mais aussi impressionnant. La marche dure une heure et demi contre 2 à 3 annoncées. Sans vouloir établir un record, je me sens en forme et mes blessures de vélo sont du passé.
On plante la tente dans un décor de rêve, avec un cours d'eau qui trace son chemin à travers la petite plaine ou nous nous trouvons. Arrivé en début d'après-midi (j'ai bien fait de prendre un livre), je vois le jour décliner et m'offrir un beau coucher de soleil. J'aperçois au loin les hauteurs lumineuses de La Paz qui scintillent telle une guirlande de Noël. Quel spectacle !

Mercredi matin... Nuit mitigée avec comme d'habitude de multiples réveils. On dirait un petit vieux... Mais c'est aussi l'occasion d'admirer une belle lune et un ciel très étoilé. Lors d'un autre réveil, nous sommes plongés dans un brouillard qui givre la tente.
Au réveil, le soleil, encore derrière les montagnes n'est pas encore là pour nous chauffer la peau et il fait frais. Petit-déjeuner et nous repartons, direction le "High Camp" situé à 5550 m, 5 heures de marche annoncées.
Encore une fois, les paysages sont enchanteurs. Toutes les parties ne sont pas très faciles avec notamment des passages où la roche n'est pas stable et les cailloux glissent sous les chaussures. Mais des porteurs et porteuses arrivent ici en sandales "maison"..., un peu délirant. Nous atteignons le camp après un peu moins de 4 heures de marche. Mais le plus dur est à faire..., rien ne sert de pavoiser sur les temps réalises, le but est d'atteindre le sommet et là, c'est une autre affaire.
Arrivés vers midi, ça me laisse le temps d'une petite sieste et d'un peu de lecture.
Nous mangeons un morceau vers 18h, et le temps d'admirer à nouveau un magnifique coucher de soleil et je plonge dans mon duvet. Le réveil est programmé à 01h du matin pour entamer la grimpe jusqu'au sommet vers 02h. Mais ce n'est pas une heure pour moi. Je ne parviens pas à m'endormir avant 22h pour me réveiller à minuit, sans me rendormir. Surement un peu de stress et d'habitudes de sommeil.

Jeudi matin... 02h du mat', j'ai des frissons j'enfile mon caleçon.
C'est fort de deux heures de sommeil que je débute l'ascension. Cette fois-ci, c'est harnaché tel un alpiniste avec crampons, piolet, frontale que je pars.
Mais nous montons sans allumer nos lampes, la lune nous éclairant de toute sa splendeur, nous regardant et se demandant si j'allais y parvenir. Avait-elle un petit rire moqueur, interrogateur ou m'encourageait-elle ?
Elle avait raison de se poser la question car moi aussi je me le suis posée plusieurs fois. C'est très raide, la progression est lente, les arrêts sont nombreux. Je m'en veux de m'être embarqué dans cette aventure. Je ne pense pas m'être infligé un pareil effort une fois dans ma vie. J'en ai bavé, le moral prenant le dessus du physique (impossible d'abandonner !, et surement un peu de fierté et de tête de têtu aussi), le physique prenant le dessus du moral ("regardes, tu avances !"...).
Le soleil se lève et les couleurs sont belles, illuminant les sommets autour d'un bel oranger.
Le sommet est là, il n'est plus qu'à quelques mètres que je parcourrais cependant à un rythme très lent. Et là, c'est la joie, la satisfaction, la fierté un peu aussi d'avoir réussi ce défit que je m'étais lancé. 6439 m d'altitude !
Il est 07h45 quand nous arrivons, soit 05h30 de durs efforts récompensés par la vue, la beauté du sommet et le sentiment d'avoir réalisé une belle aventure.
Il va s'en dire qu'a ce moment, j'ai pense a vous tous mes amis, ma famille.
Une demi-heure au sommet, entre admiration, photos, recuperation et il faut entamer la descente.
La descente se fait en deux heures, c'est nettement moins dur, ca c'est sur ! Mais c'est aussi l'occasion d'admirer les paysages que nous n'avions pas pu admirer cette nuit.
La bonne nouvelle est que mes genoux ne me font plus mal, même en descente comme c'était le cas au Kilimanjaro ou au Népal dans les Anapurnas.
Arrive au High Camp, il est 10h20 soit huit heures après l'avoir quitté. Je plonge dans ma tente, lessivé, fatigué, avec une multitude d'images en tête pour une petite sieste d'une heure après quoi on me dit qu'il faut plier bagages et redescendre au base camp.
C'est reparti pour 02h30 de marche. La fatigue est là mais le paysage et avec la tête encore un peu dans les nuages, un peu au-dessus de 6000 m, j'arrive sans encombre au base camp.
Mais Pedro, mon guide a envie de descendre dès aujourd'hui à Pinaya, c'est bon pour une heure de plus ? Bah !, on n'est plus à ça près... C'est soit disant mieux et il risque de pleuvoir ici me dit-il.
Mais à Pinaya, on installe la tente dans un bout de champ jonche de détritus et rempli de crottes d'animaux divers. J'avais rêvé un peu mieux après un tel effort et je le fais remarquer à ce cher Pedro.
Bain et décrassage rapide dans la rivière fraîche avant un dîner qui à défaut d'être bon sera apprécié et je vais me reposer, m'imaginant marcher sur les étoiles en direction de la lune.
Quelle journée !

Vendredi matin... La nuit fut bonne et réparatrice. Je sens quelques courbatures mais c'est un peu normal. Je finis mon livre et prends un petit-déjeuner. Le taxi, censé arriver vers 10h00 n'arrivera qu'à 13h00. Un peu long comme attente, ponctuée de farniente et d'écriture.
Là c'est une nouvelle aventure. Le taxi est fatigué et il peine, les montées sont très lentes. On s'arrête plusieurs fois, tentant de réparer. Problème de carburant, d'injection, je ne sais pas mais c'est très chaotique. Elle fume, hurle, tousse. Le chauffeur, voulant la lancer conduit vite et mal. Le ravin est là, entre 30 et 500 m. Je n'en mène pas large. Je ne voudrais pas mourir ici. Ce n'est pas écrit "Voir et gravir Illimani et mourir".
On éclatera même un pneu, si lisse que c'est un peu normal mais la roue de secours a réussi l'exploit d'être encore plus lisse mais de finir le voyage.
Arrêtés une nouvelle fois, le capot ouvert, la radio diffuse "Voyage Voyage" de cette chère Desireless... Je ne peux contenir un large sourire, me rappelant mes années de jeunesse et ces innombrables tubes dont j'ai tous les 45 tours... Et semblant me dire également "C'est aussi ça le voyage Antoine !..." Ah, les années 80, quand tu nous tiens Étienne Étienne Étienne !...
Miraculeusement, cette bonne Toyota (sûrement ma prochaine voiture) finit par marcher à nouveau correctement.
J'arrive à La Paz, content et fatigué...

A peine le temps de raconter mes exploits à la gérante de l'agence que je pars me trouver une chambre, puis vais à la station de bus prendre mon billet pour Cochabamba où je me trouve depuis quelques heures.

Ce voyage m'aura décidément beaucoup apporte, tant au niveau des rencontres, des paysages et des populations mais aussi sur moi-même.

Eh, 6439 m tout de même !
MERCI ! à vous tous la bande de zozos pour la Boîte à Extras qui a été une fois encore ouverte pour une belle aventure. On ne voyage jamais seul !

Pace Salute

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Commentaires
B
Ouais, tout ça pour nous faire croire que c'est hyper dur ce que tu vis...<br /> Faut pas déconner, c'est toi qui a choisit de faire cette petite marche, au milieu de tes grandes vacances que même les profs y z'en reviennent pas...<br /> <br /> C'était le commentaire de ton frero qui vient de reprendre le boulot apres 3 semaines (1 semaine, c'est ce qui rassemble 7 jours et finit par composer 1 mois tu te souviens?) et qui doit gerer qq "petits" trucs de retour(panne de voiture à La Rochelle / pas de gaz à l'appart' / pas sur d'avoir une nounou le 1er jour /).<br /> <br /> Non bon pour redevenir serieux, euh, ben nan, pas envie...<br /> <br /> Allez, un bravo quand même<br /> <br /> ciao frero<br /> <br /> Seb
T
Je me répète un peu mais il n'y a pas grand chose d'autre à ajouter...
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