Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Antoine Voyage...
16 février 2010

Premiers pas en terre ethiopienne

Mon avion quitte le sol lyonnais et me fait traverser les Alpes. Quel spectacle que le Mont-Blanc et sa chaîne si blanche en cet hiver neigeux. Et dire que la veille je skiais sur ses pentes...
Première escale à Istanbul. Pas le temps de visiter, je n'ai au final qu'une demi-heure entre les deux avions, ça passe.

J'arrive à Addis-Abeba à 02h du matin. Je trouve une chambre moins que correcte (n'ayant rien réservé, je ne fais pas le difficile... et je n'avais qu'une envie, m'allonger).
Mes premières heures en Éthiopie me rappellent qu'il n'est pas toujours facile de changer de décor.
Je change mes dollars au marché noir (histoire de gagner quelques Birr..) et m'enquiers d'une chambre mieux située, pas forcément plus clean mais au tarif moins "farenji" de 2h du mat'.
Je contacte Sissay, un ami d'amis (...) et passe l'après-midi en sa compagnie. Je découvre la ville et la vie locale.
Addis, à 2400 m d'altitude a tout d'une capitale africaine. Dense, bruyante, aux taxis et mini-bus taxis bondés tout klaxon dehors, à la circulation aléatoire. On sent une effervescence et un fort développement, sans réelle harmonie ni une once d'urbanisme.

Après une soirée en compagnie de Sissay et de son amie Deborah, à l'accueil en or, je décide de ne pas m'attarder sur Addis, j'y reviendrai pour mon départ. Je prends donc dès le lendemain un bus (un mini-bus, pas très confortable, pas forcément très sur mais si "local"...) direction Bahir Dar aux bords du lac Tana (au nord ouest). La route est longue et c'est à Debre Markos que je passe la nuit. Je rencontre dans ce mini-bus Tom, belge espagnol en vadrouille lui aussi. Nous cherchons une chambre mais un congrès dans la ville rend cette quête difficile. Nous finissons par avoir la plus grande chambre de la ville, deux lits nous sont installés dans la salle de conférence d'un hôtel. Ils se démènent pour nous accueillir, la suite promet d'être bonne.
C'est l'occasion de parties de babyfoot avec les jeunes de la ville mais le pilage de piments autour nous fait tousser, nos nez coulent..., les yeux nous piquent. Fin de la partie.
Bon, il faut que je tombe sur un groupe de retraités lyonnais ici, au milieu de l'Éthiopie pour me rappeler que le monde est petit. Un apéro en leur compagnie me suffira cependant...

Réveil matinal à 04h45 pour aller prendre un bus pour Bahir Dar. La ville est plutôt agréable et, située aux bords du lac Tana, elle possède un certain charme.
Nous partons explorer le lac en bateau avec visite d'une péninsule et de deux iles où des vieilles églises orthodoxes (la principale religion en Éthiopie) s'y trouvent. Belle promenade, retour au coucher du soleil. Après des heures de bus, une balade au calme sur l'eau fait office de retraite tranquille, loin de la poussière et du bruit.
Nous passons une soirée agréable avec des amis de Tom de passage dans le coin. Soirée entre européens mais sympa. Moment de vie de voyageurs.

Nous reprenons la route dès le lendemain matin, toujours aux aurores. Il faut parvenir à avoir un bus, il n'y en a pas beaucoup et surtout ils sont vites pleins. Je ne savais pas trop quelle route prendre alors je me laisse embarquer dans le projet de Tom d'aller au volcan Erta Ale à l'est du pays.

Nous arrivons en fin de journée à Lalibela, lieu touristique (sans trop de monde cependant) mais magique au terme de 13 h de bus.

Moment de vie africaine, éthiopienne.
Nous sympathisons avec Esubelew, l'assistant du bus (celui qui fait monter et payer les gens).
A une jonction, nous devons attendre que les négociations, un peu houleuses, nous permettent de poursuivre notre route.
Il faudra bien une heure pour que ça se décante et c'est le chef du village ou du traffic, d'un calme qui sied à sa fonction qui règlera le différend et qui nous permettra de repartir sur cette route si poussiéreuse que je rêve à chaque virage d'une douche fraiche.
Nous faisons halte dans un village où l'on charge des marchandises et où des personnes se ruent dans le bus. S'ensuit une altercation qui nous retardera d'une heure supplémentaire.
Notre ami Esebelew est pris à parti au moment de remonter dans le bus. Situé juste à coté de l'entrée, je l'aide à ne pas se faire happer en dehors. Des coups fusent, deux belles claques bien lourdes. Nous finissons par l'arracher et il est dans le bus. Devais-je intervenir ? Je ne savais pas trop mais j'avais peur d'une chose, une scène de bagarre ou de lynchage. Ça surprend un peu les autres voyageurs que l'on prenne parti. La police s'en mêle, Esubelew redescend du bus pour s'expliquer. Dans le bus, enfermés, même les éthiopiens ont chaud. Dans un moment, un peu excédé par la situation et par certains passagers montés à cet arrêt, je pousse même une gueulante pour avoir un peu de calme. Je pense que je devais commencer à saturer un peu, la chaleur et les longues heures de bus avec...
Nous repartons, tout le monde est là. Une fois encore les sages sont intervenus.

Nous parvenons à Lalibela de nuit et la douche, une bonne bière et un bon repas seront de belles récompenses.

Lalibela est connue pour ses églises taillées dans la roche. J'ai été bluffé par ces réalisations d'un autre temps, d'une énergie incroyable. C'est fou ce que les croyances peuvent faire faire aux peuples.
Dans l'une d'entre elles, un jeune homme est assis et lit le petit livre saint sur un ton monotone à endormir un troupeau d'éléphants. A ses côtés, un vieil homme enroulé dans un drap blanc, semblant dormir, le corrige à chaque faute. Lui le connaît par cœur. C'est ce genre de scène que j'adore, loin du récit d'un guide m'expliquant l'histoire du roi qui fit construire l'église.
Je m'y balade, découvre ces œuvres et parcours le marché très dense, animé. D'où l'empressement des gens à monter dans le bus la veille pour venir vendre leurs produits.
En fin de journée, nous décidons avec Tom de monter au dessus de la montagne. La pente est forte et après 500 m de dénivelé, perchés à quelques 3100 m, la vue est superbe et le lieu calme, paisible, loin de l'agitation de la ville en ce jour de marché.
Nous nous ferons inviter à la cérémonie du café par un paysan où, dans sa hutte en terre, autour d'un feu dégageant une fumée épaisse, sa femme nous prépare les "buna", les cafés. Comme dans d'autres pays, ils en font 3 avec le même café, café à réveiller le troupeau d'éléphants endormi par le jeune homme de l'église... Nous redescendons de nuit, à la lumière de la lune, content d'avoir pu partager ce moment.

Le lendemain de nouveau un réveil matinal nous arrache du lit, destination Mekele.
A la station de bus, nous retrouvons Esebelew, remis de ses émotions et qui nous permettra d'avoir une place alors que ce n'était pas gagné. Mais lorsque nous le quittons, il me dit qu'il se souviendra de moi, surtout si je lui donne un cadeau... Il ne perd pas le nord, moi qui l'ai aidé 2 jours avant à éviter de se faire taper dessus...

La route est de nouveau longue. Nous changeons deux fois de mini-bus avant de parvenir à Mekele. Les paysages se suivent et ne se ressemblent pas. Je ne suis pas dans un bus mais devant un spectacle animé. Aux paysages désertiques succèdent des paysages verdoyants et cultivés.
Moment de drame de la vie.
Alors que nous sommes désormais sur la route principale, de nouveau dans un mimi-bus Toyota, nous pensons déjà à la bière et la douche dans un hôtel de Mekele. La route traverse de nombreux villages où les hommes et leurs mules, les vaches, les charrettes et les enfants se côtoient. Sans savoir pourquoi, un enfant qui courait sur la voie de gauche traverse devant le mini-bus qui pile. Le choc est violent, un bruit sourd envahit la cabine. Et je revois encore le corps de cet enfant d'environ 8 ans projeté en l'air et arriver sur le bas cote, inanimé. On ne sait pas quoi faire dans ces cas la. On se sent impuissant.
Les gens se ruent autour du bus, sortent du bus. Pour ma part, j'y reste.
Je me sens perdu, meurtri, ailleurs.
L'enfant, inconscient, sera pour finir emmené dans la ville que nous avons laissée 25 km plus tôt, à bord d'un autre mini-bus venant en sens inverse.
Une heure plus tard, alors que nous étions toujours arrêtés, le chauffeur avec la police, l'assistant revient avec un autre mini-bus. Nous reprenons la route, tristes. Nous se savons pas si l'enfant s'en est sorti, s'il s'en sortira et nous reprenons notre route comme la vie avait repris ses droits peu de temps après l'accident.

Nous parvenons à Mekele, nous sommes dimanche.
Lundi, nous visitons la ville et essayons d'organiser notre excursion au volcan qui a la rareté de posséder un lac de lave. Moi qui avait toujours rêvé de voir un tel spectacle, je devrais me régaler.
Ce n'est qu'en fin de journée que nous apprenons que la route qui y mène est bloquée.
Depuis le début de mon voyage, je suis constamment entre 1800 et 2800 m. Le volcan est dans une zone située en dessous du niveau 0 de la mer. Les températures avoisinent les 50 degrés. Comble de l'histoire, ce sont des inondations qui nous empêchent d'y aller. De fortes pluies qui ont eu lieu ailleurs ravinent par cette route et l'extrême sècheresse du sol provoque une rivière infranchissable. C'est de l'eau par 50 degrés qui fout notre aventure par terre, un peu délirant.
Nous ne parviendrons pas à trouver une autre solution, le volcan et la lave, ce sera pour la prochaine fois.

Un peu frustrés, nous montons sur Wukro où des églises taillées dans la roche nous attendent.  Mekele, en pleine effervescence pour les 35 ans du parti au pouvoir nous obligeait à la quitter, faute d'hôtel et d'une foule trop nombreuse à notre goût.

Suite au prochain épisode...

Mais que le voyage est bon et c'est en découvrant la richesse de ce pays, sa population et ses cultures que j'ai compris une fois de plus pourquoi le voyage faisait autant partie de moi. Il s'impose tout seul, sans besoin de long commentaire.

Pace Salute

Publicité
Commentaires
J
Terrible article, comme tous les autres sur ton site, mais quel est donc ton secret ? ;)
C
Vivement la semaine prochaine !<br /> Bisous.
Publicité