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Antoine Voyage...
4 mai 2009

Nuits blanches au pays du soleil levant

167 jours que j’étais rentré de mon voyage, soit un peu plus de 5 mois. Le temps passe vite.
Mais l'occasion était trop belle et malgré un nouvel emploi commencé six semaines auparavant, j'enfile à nouveau mes bottes de 7 lieux (et des poussières), mon fidèle sac à dos et me voilà reparti. Direction le Japon.
Je ne suis pas reparti voyager pour un an (bien que ce ne soit pas l'envie qui manque...) mais simplement une dizaine de jours.
Beaucoup m'avaient demandé pourquoi je ne m'étais pas arrêté au Japon durant mon Tour du Monde, pour le judo. Le Japon faisait partie des endroits que je voulais visiter mais j'avais envie de le faire avec mon club, avec mes amis judokas. C'était sans compter que ces zouaves allaient le programmer pour 2009, peu après mon retour. Difficile de résister et même si j'ai du attendre le dernier instant avant de prendre mes billets, ne sachant pas si j'allais être chômeur ou en activité, je suis parti. Ayant trouvé du boulot peu avant, j'ai donc négocié à l'embauche mes 10 jours de congés début avril pour partir, acceptés par mon nouveau patron, ça s'annonce bien.

Revenons au Japon. Je pars un jour avant mes amis, moyen d'économiser quelques deniers avec un vol moins cher.
Tôt..., c'est par un frais matin de printemps que mon fidèle ami Gégé m'emmène à l'aéroport. Le voyage commence. Je suis de nouveau sur les routes.
J'arrive à Tokyo, il fait beau et je me pose dans l'hôtel où me rejoignent mes amis dès le lendemain, me laissant alors le temps de prendre un peu mes marques, d'être un peu au calme, loin de l'agitation qui caractérisera le reste du voyage.
Les cerisiers sont tous fleuris et ça ne dure qu'une semaine, celle où nous serons au Japon, belle coordination entre nos natures voyageuses et la Nature.
Balade solitaire, je me revois quelques mois en arrière, avec toujours le même envie, le même émerveillement, le même sourire.

Le lendemain une troupe de 16 lyonnais un brin excités débarquent à l'hôtel. C'est le début d'un séjour haut en couleurs. Et là tout s'enchaîne. Au programme, découvertes de la ville, des centres d'intérêts tels quelques musées, parcs et temples mais aussi d’Hakoné et de la vie diurne et nocturne.

Le dépaysement est total. Tokyo compte 13 millions d'habitants. Mais bizarrement cette densité ne se ressent pas trop. Les immeubles ne sont pas très hauts et la ville ne se fait pas oppressante.
Face à nous, une population calme, où le klaxonne ne sert jamais et les autos, hybrides ou fonctionnant à l'essence (pas de diesel) font peu de bruit, du bonheur quand on connait la circulation.
Mais ce qui me frappera chez eux, c'est cette bipolarité, leur fonctionnement "On-off". Nous les voyons organisés et disciplinés (nous avons dû respecter les règles locales et ne pas traverser au feu rouge même si aucune auto n'arrive, ce qui peut paraître normal mais bien loin de nos pratiques latines).
Vêtus de leurs costumes-cravates, de tailleurs pour les filles (mini-jupe avec l'arrivée du printemps, pas désagréable...) et de leurs uniformes pour les écoliers, le changement est radical lorsque la nuit tombe, lorsque le week-end et là. Nous les croisons saouls, des hommes habillés en femmes, des femmes en poupées, certains réellement déguisés, guirlandes autour du cou... Ils se lâchent ! On sent cette société basée sur la performance, bridée dans ses fonctionnements et ses règles mais le besoin de sortir de ces codes est bien présent et cela s'opère dans les mêmes proportions que leur conformisme et organisation sont grandes.

Notre hôtel nous réserve un accueil en or. Nous bénéficions des connaissances de Gégé et Maud qui étaient déjà venus. Ces précieux contacts nous ouvrirons beaucoup de portes, à commencer par celles du Judo. Nous nous entraînerons tour à tour dans le dojo mythique du Kodokan mais aussi avec la Police où nous avons rencontré de vrais athlètes à la technique pure et l'engagement total. Sur le tapis, un entraîneur champion du Monde et un champion olympique. Même pas peur !...
Nous nous entraînerons également avec de jeunes étudiants lycéens et universitaires et dans le dojo "secret" d'Isamu, le gérant de l'hôtel. Situé dans le métro où un rideau de fer s'ouvre pour laisser apparaître le dojo, nous sommes dans une autre dimension.
Une chose est sure, l'esprit du judo est bien là. On le sent. Les principes fondateurs, la technique, l'engagement sont la base même de ce sport, que l'on soit à Tokyo, Lyon, Bamako ou Bombay.
Le regard des japonais est aussi curieux que le notre. Alors que le Japon compte 120 millions d'habitants, ils sont deux fois moins nombreux à pratiquer le judo qu'en France. Notre notoriété n'est pas usurpée. Quatrième sport pratiqué en France, il n'est que le douzième au pays fondateur, derrière le baseball et autre football... Mais leur engagement et leur pratique sont irréprochables, complets et fins, physiques et précis.
Ils sont curieux et un peu sur leurs gardes, ne sachant pas quelle est notre niveau et pratique. Leur distance n'est pas de la peur ni de l'impolitesse mais plus dubitative. Nous tombons sur des experts et de vrais champions, les chutes sont nombreuses, je vole. Mais nous ne sommes pas en reste non plus, le japonais sait également voler.
Alors que nos venions de nous échauffer (c'est à dire pendant 45 secondes...), un gros bébé de plus de 100 kg m'invite pour un combat au sol. Je ne peux refuser mais j'avoue que du haut de mes 66 kg, j'ai du mal à m'exprimer. Quelle idée lui est passée par la tête pour qu'il me choisisse ? Me visage se crispe à chaque fois que je tente de faire un mouvement, de le retourner. Parfois je sens une masse importante sur mon dos. Mon visage rougi par un afflux soudain de sang ayant du mal à suivre son parcours habituel, je tente, le souffle court, de rester maître de mon corps et de résister.
Je me remets à peine de ce combat, tentant de redonner à mes jambes un peu de sang afin qu'elles me soutiennent qu'un autre, encore plus gros m'invite. On ne refuse jamais un combat mais que leur passent-ils par la tête ? Etait-ce un concours, une blague, un jeu, de la fainéantise ? Je ne le saurais pas mais j'en ai repris pour cinq bonnes minutes de lutte, d'effort. Allongé de tout son poids sur le ventre, je n'ai jamais réussi à lui soulever ne serait-ce qu'une jambe, même en position d'haltérophile, un peu délirant. Heureusement, d'autres judokas plus en phase avec ma physionomie me donneront un peu plus l'occasion de m'exprimer.

Dois-je parler des soirées, des nuits japonaises ? Elles furent courtes. Nous avons dormi avec certains autres bons fêtards entre 01 et 05 heures par nuit. Autant dire que le déficit s'est creusé plus vite que celui de nos finances publiques.
La vie nocturne est intense, colorée. Nous oscillerons entre des bars branchés (et à putes (pour info, je ne paierai jamais, n'ayant jamais compris pourquoi ce serait à moi de payer)), un bar où le patron, trop bourré, nous fera une offre inférieure à la négociation initiale, entre petits restaurants où vous commandez votre plat en choisissant sur un tableau, vous payez à une machine qui vous sort un ticket que vous donnez au cuisinier...
L'hôtel compte un sauna, un bain chaud, un bain froid, de quoi réparer nos muscles endoloris, notre fatigue ou nous préparer à sortir ou à passer la soirée à l'hôtel accompagnés de bouteilles de saké.

La visite d'Hakoné, de cette belle montagne avec ses volcans, fumeroles et sources d'eau chaude nous donnera l'occasion de sortir de la ville, aérant nos museaux, nos esprits et d'être plongés au cœur d'une végétation luxuriante. Quelle belle journée !
C'est également le privilège d'être reçu dans une école de sumotoris qui restera un très bon souvenir. Il n'est pas évident d'y pénétrer sauf à le faire avec une agence à touristes. Mais les contacts d'Isamu nos glisseront dans ce lieu "saint". Si je n'ai jamais trouvé ce sport très esthétique, passionnant ni même dynamique, il faut avouer que les voir travailler et s'entraîner invite au respect. Nous aurons même la chance de manger à l'école où ces grands gaillards dont le poids oscillait entre 90 et 170 kg nous servaient avec leurs têtes juvéniles.

Mais déjà l'heure du retour était arrivée. Sans avoir l'impression que c'est passé très vite, j'ai repris le chemin du retour, abandonnant mes amis, cette bande de zouaves qui ne partaient que le lendemain.
Retour fatigué et fatiguant mais que de souvenirs et de bons moments passés.
Lorsque j'ai repris le judo il y a maintenant un peu plus de huit ans, je ne m'imaginais pas y prendre un tel plaisir et aller un jour au Japon. Je le dois à mon club et à sa bonne ambiance et à Michel mon entraîneur qui a su me redonner goût à la discipline et qui me pousse à toujours progresser.

Ce qui me fascine dans le voyage, c'est de voir des gens très différents, venus chercher chacun des choses différentes, vivant les choses différemment avoir su rester un groupe uni (autour et grâce au judo je pense), heureux, respectueux et sachant apprécier chaque instant. C'est ça le voyage, c'est ça le judo.

Ce voyage fut certes différent de celui que j'avais entrepris et qui avait donné naissance à ce blog, à ce carnet de route mais il fut lui aussi magique, intense et magnifique.
Je repartirai !...

(Photos à venir...)

Pace Salute

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