La Bolivie entre les gouttes

Je reste deux jours à Tupiza, tranquillement, c'est le cas de le dire. Mon activité n'est pas débordante.
Après le séjour passé dans le Salar, en compagnie de zozos avec qui j'ai passe de très bons moments, me retrouver seul invite au calme avec une petite pointe de tristesse.
La ville est de ces petites bourgades sans histoire et sans un immense intérêt. L'intérêt réside dans les alentours où de très belles montagnes et canyons se dressent fièrement, illumines par un soleil toujours aussi présent.

Je flâne, observe cette vie locale entre les marchés où il fait toujours aussi bon manger, un enterrement, les vieux sur les bancs, les jeunes devant les jeux vidéos. Immuables sessions de vie.

Je fais une belle balade dans un canyon magnifique, aux couleurs rougeoyantes et aux formes découpées, acérées par le temps et la rivière qui y coulait auparavant. Les décors sont parfois digne d'un bon western spaghetti.
En arrivant au sommet du canyon, la vue est magnifique. Je suis seul, et, dans un silence reposant, je passe un moment à observer les oiseaux (genre de condors) tournoyer dans le ciel, planant dans les vents multi-directionnels.
Moments de tranquillité, de beauté, des moments comme j'aime.

De retour en ville, soirée tranquille en compagnie de deux anglaises avec qui je mange un bout.

La fin de l'aventure bolivienne est toute proche et je prends un bus pour Villazon, ville frontière, une dernière petite virée en bus non confortable sur les pistes poussiéreuses et me voila à la frontière.

Mais je suis passé entre les gouttes. La situation en Bolivie est en train de se dégrader à vitesse grand V.
J'avais précédemment parlé des troubles qui touchaient le pays avec des risques que ça dégénère à nouveau. Et bien c'est parti.
J'étais arrivé à Sucre juste après le blocage de la ville par les manifestants, un peu chanceux j'avoue sur ce coup. Alors que je quitte le pays, plusieurs villes où j'ai séjourné sont la proie de troubles. Santa Cruz, Cochabamba, La Paz..., et même au sud. Des blocages et manifestations ont lieu. Les affrontements entre pro et anti-Morales ont débuté, faisant déjà plusieurs morts à La Paz.
Ce pays est un vrai bijou mais il repose sur un écrin ardent qui risque de devenir rouge sang.
Qu'ont tous ces gens a se taper dessus, à ne savoir vivre ensemble ?
Je suis passé au bon moment et je quitte un pays qui m'a offert ce qu'il a de plus beau et qui me laisse partir avant d'offrir ce qu'il a de plus laid.

Pace Salute (au peuple bolivien, je ne peux que le leur souhaiter désormais)