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Antoine Voyage...
28 mars 2008

Le Sud du Laos

Savannakhet

Après avoir laissé derrière moi mes amis, je descends direction le sud du Laos. Je m'arrête à Savannakhet. Petite ville tranquille, aux charmes discrets mais réels que j'arpente paisiblement, déambulant le long du Mekong, prenant le temps de discuter avec quelques moines d'un des nombreux temples de la ville et découvrant l'architecture coloniale française. Arnaud et Anahita y ayant séjournés six mois, je profite de leurs bonnes adresses et je m'offre une fois de plus un massage. Je ne rêve pas cette fois-ci mais une charmante jeune femme aux mains douces et expertes s'occupe de mon corps. Il fallait bien que je me prépare à de nouveaux trajets en autobus, et de nuit en plus...

Champasak

Je séjourne alors à Champasak où les ruines d'un temple khmer (Wat Phu Champasak, XI ou XIII ème siècle) font partie des lieux à visiter au Laos, également classé0 à l'Unesco.

Pour m'y rendre, je prends un bus de nuit à Savannakhet. Ces trajets sont toujours aussi peu agréables, avec de nombreux arrêts en pleine nuit, y compris au milieu de nulle-part pour décharger les autres marchandises (que les voyageurs) transportées, avec la musique à tue-tête que je finis par faire arrêter à deux heures du mat'. Je regrette cette bonne musique africaine car celle-ci n'est pas ce que je retiendrai de l'Asie...

J'arrive à Pakse à 04h30 du matin, attendant 11h00 un prochain bus pour Champasak. Quelle idée ce bus de nuit ! J'ai du dormir 02h dans une position faisant voler en éclat les bienfaits de mon massage.

Là encore la balade et la découverte des ruines est agréable. Le site valait le détour (et la nuit de bus ?!). N'allant pas au Cambodge, découvrir un tel site fut intéressant, riche, avec tous ses symboles, ses ruines et ses roches sculptées, me laissant entrevoir cette culture très ancienne.

Don Det, les 4000 iles

De nouveau le bus... Un mini-bus torturant mon maigre fessier m'emmène aux 4000 iles, tout au sud du pays.
Le lieu est magique car toutes ces îles, plus ou moins grandes m'offrent un paysage superbe que je découvre au soleil couchant à bord d'une pirogue.

Don Det, une des îles est bien connue des backpackers. L'ambiance est bonne, plutôt festive et relaxe. Les échanges avec d'autres voyageurs sont nombreux. Ma guest-house sur les bords du Mekong m'offre des levers de lune et de soleil oranges, avec ces pirogues, virgules voguant sur la rivière telle une plume sur une page blanche.
Le lendemain, je pars découvrir l'île à vélo ainsi que sa voisine Don Khon reliée par un pont (made by France). J'y découvre de belles cascades (Tat Somphamit) où l'eau s'écoule avec force dans un dédale de roches sculptées par le temps. Il fait chaud et il faut bien quelques bains réguliers pour me rafraichir.

Je reste sur l'ile deux jours mais c'est suffisant pour moi. Je découvre au fur et à mesure l'envers du décor.
Cette île dans son fonctionnement me gène. Il n'y a rien de Lao dans tout ça et cette population de voyageurs me fait penser à un Club Med "Lonely Planet", à une masse venue s'y poser mais dont la seule activité consiste à boire bière sur bière que des enfants ramassent au fur et à mesure sur la plage, le soir, comme si on ne pouvait le faire nous-mêmes. Bien évidemment rencontrer, discuter, rigoler, jouer de la musique à la lueur d'un feu sur la petite plage d'une petite île un peu perdue est agréable et peut sembler paradisiaque. Mais cela me laisse l'impression d'une incursion, d'une invasion, d'un nouveau colonialisme bien loin de la vie pauvre que mène la population locale et qui voit tous ces jeunes dépensant autant d'argent en alcool et en bouffe en une journée qu'eux mêmes en un mois (et encore).
Je finis par me sentir un peu gêné et je pars en espérant qu'elle ne perde pas plus de son identité. J'ai des doutes.

Tad Lo, petit coin de paradis

Je remonte un peu plus au nord et découvre après de nouvelles heures de bus Tad Lo et le Bolaven Plateau. C'est ce qui s'appelle tomber sous le charme. Ce petit village est magnifique. Aux pieds de cascades (Tad), il offre des paysages différents de ce que j'ai vu jusqu'à maintenant mais c'est surtout sa population ultra accueillante qui me touche. J'ai l'impression de vivre avec eux, ils me touchent, me donnent le sourrire. Et cette Mama Pap, qui nous mitonne de copieuses assiettes et un super pancake "banane-chocolat" avec un sourire aussi généreux que ses assiettes. Là encore des bains rafraichissants sont appréciables.

Louant de nouveau une moto-bylette, accompagné de Marion, jeune bretonne voyageuse, je pars découvrir le plateau et ses nombreuses cascades, Tat Yueang, Tat Fan, Tat Thamchampy, ses plantations et récoltes de café et de thé. Belle journée.

Le lendemain, je m'offre une balade à dos d'éléphant, d'éléphante plutôt. "Ma", mon éléphante de 50 ans me conduit dans des chemins escarpes. J'ai toujours adoré cet animal. Je lui trouve de la grâce, de l'élégance, un charme fou et une bouille attachante. Mais nous attendons tous la soirée annoncée dans un village voisin où une fête est prévue, ponctuée au petit matin par le sacrifice d'un buffle. La fête nous emmène jusqu'au petit matin. Les lao sont toujours aussi festifs, accueillants et amoureux de la bière et du lao-lao, l'alcool de riz La fpête bat son plein. C'est Mama Pap qui nous y a conduit, à travers la forêt et nous atteignons le village après pratiquement une heure de marche. Je suis définitivement amoureux de ce pays et de sa population.

Au milieu de la nuit, deux anglaises ayant décidé de rentrer sur Tad Lo se font agresser dans la forêt à traverser, heureusement sans gravité par trois jeunes semblant intéressés par l'anatomie féminine. Ils repartent sans rien leur faire subir. Elles sont choquées et nous les raccompagnons au village de Tad. Cela me rappelle Madagascar où même une population tranquille peut cacher des personnes mauvaises.

Nuit blanche, fatigués, nous attendons qu'ils sacrifient ce pauvre buffle attaché depuis la veille à son arbre. C'est plus l'envie de découvrir leur culture que la mort de cette pauvre et innocente bête à cornes qui me fait rester ici, n'étant pas un admirateur de ce type de spectacle, moi qui hait et qui ne comprends pas la corrida.

Le spectacle est un brin barbare. La mise en scène préalable, les quelques danses sont décevantes car les jeunes n'ont pas l'impression de savoir ce qu'il faut faire ni comment danser. Ils semblent plus intéressés par le sort qu'ils réservent à l'animal (et à la bière la veille) qu'à la cérémonie et peut-être sont-ils encore un peu trop imbibes de lao-lao (la bière lao). Beaucoup d'enfants assistent mais peu d'adultes, comme si cette cérémonie leur était indifférente.

C'est alors que le buffle reçoit un premier coup d'un petit sabre. Il a compris, sa lutte est vaine bien qu'il tournoie autour de son arbre, se demandant d'où viendra le prochain coup. Il n'est pas résigne mais un brin fataliste, un deuxième coup lui transperce à nouveau le flanc gauche. les coups seront tous portes à gauche. Mais ce sont les coups reçus sur les pattes arrières, lui sectionnant les ligaments, qui barbarisent la scène. Le pauvre tente de se dresser sur ses pattes qui ne peuvent retenir le poids de son corps. Pas un son n'est encore sorti de sa bouche. Puis c'est la fin, une dernière lame le transperce, allant chercher profondément la vie qui restait dans le corps de l'animal. Il ne lutte plus, il émet trois râles et s'endort a jamais. Un homme recueille dans le fond d'une bouteille plastique découpée un peu de sang, un bout de chaque oreille et le bout de sa queue. Fin.

Nous n'avons pu nous faire expliquer le pourquoi du sacrifice et c'est bien dommage. Il n'a pas été long et c'est mieux ainsi.

Il m'a bien fallu un bon pancake de Mama Pap pour m'en remettre et, le temps de faire mon sac et me voila de nouveau sur les routes, dans les bus. Je pars pour le Vietnam, laissant derrière moi un pays qui restera dans mon cœur et que je ne saurais que conseiller.

Pace Salute

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